À propos —
Que reflètent les paysages qui nous entourent? Par qui sont-ils façonnés? Que révèlent-ils de nos modes de vie? Autant de questions que l’exposition de l’artiste photographe et vidéaste Isabelle Hayeur soulève en tentant de dresser un état des lieux.
Reflet d’un monde globalisé, la sélection d’images et de vidéos, issues de trois différentes séries réalisées au Québec et en Europe, donne au spectateur l’occasion de saisir les enjeux propres à l’aménagement des territoires et s’intéresse au devenir des lieux et des communautés concernées. Les œuvres présentées illustrent des transformations qui remodèlent les territoires et le quotidien, tant à l’échelle locale, provinciale, qu’internationale. Elles soulignent les mutations récentes de nos habitats et de nos sociétés et soulèvent des préoccupations et des questions communes concernant l’écologie, l’urbanisme et l’aménagement.
Dans les sociétés occidentales modernes, l’environnement et les paysages sont aménagés au profit de l’économie sans que les impacts de ces décisions sur les populations et l’écologie soient toujours pris en compte. Ces bouleversements, souvent brutaux, déstabilisent les communautés locales et occasionnent des ruptures qui bousculent l’équilibre des milieux de vie. « Troubler quelqu’un, le désorienter en le changeant de milieu et en le mettant dans une situation qui lui donne un sentiment d’étrangeté », voilà en quelques mots la définition du mot Dépayser. Cette notion, au cœur de l’exposition, est importante pour l’artiste, car elle souligne la perte de repères occasionnée à la suite de développements et d’aménagements des espaces. La question de l’organisation du territoire se confronte aujourd’hui à des enjeux multiples, souvent opposés. C’est pourquoi de grands projets de construction d’infrastructures se heurtent régulièrement à des populations inquiètes et préoccupées.
Si Isabelle Hayeur est reconnue pour ses paysages modifiés et recomposés, grâce à d’habiles recombinaisons numériques, elle s’intéresse parallèlement à une approche plus documentaire, dénonçant et mettant en valeur des revendications citoyennes. Pour sa première exposition individuelle au Musée d’art de Joliette, l’artiste introduit ainsi une réflexion sur des problématiques universelles. L’aspect réaliste des images et des paysages exposés traduit un discours engagé, renvoyant le spectateur à sa propre réalité, suscitant une prise de conscience face à des pratiques urbanistiques arbitraires et une exploitation effrénée des ressources naturelles.
Biographie —
Isabelle Hayeur (1969 – ) est une artiste québécoise connue pour ses photographies et ses vidéos expérimentales. Elle vit et travaille à Rawdon, Québec. Elle détient un baccalauréat (1996) et une maîtrise (2002) en arts visuels de l’Université du Québec à Montréal.
L’artiste compte à son actif plusieurs expositions individuelles et collectives, présentées principalement au Canada, mais aussi en Europe, au Mexique et aux États-Unis. Parmi celles-ci, mentionnons ses récentes expositions individuelles, au Centre Expression de Saint-Hyacinthe, en collaboration avec le Musée régional de Rimouski (2013), au Musée national des beaux-arts de Québec, qui a circulé à travers le Canada (2006-2007) et au Massachusett Museum of Contemporary Arts (2004). Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives, entre autres, au Ryerson Image Center de Toronto (2016), au Museo Cultural à Santa Fe, États-Unis (2016), au Today Art Museum à Beijing (2015), et au Centre culturel canadien à Paris (2012). Ses œuvres font partie de plusieurs collections au Canada et à l’étranger, dont celles du Musée des beaux-arts du Canada, de l’Art Gallery of Ontario, de la Vancouver Art Gallery, du Musée de la photographie canadienne, du Musée d’art contemporain de Montréal et du Fonds national d’art contemporain à Paris. Isabelle Hayeur est représentée par la Galerie Hugues Charbonneau à Montréal.
© Isabelle Hayeur, Campements de l’Europe, 2012-2013
Courtoisie Isabelle Hayeur et Galerie Hugues Charbonneau