À propos —
Cette exposition présente une sélection d’œuvres récentes et inédites de l’artiste multidisciplinaire Patrick Coutu. Rassemblant des sculptures, des œuvres sur papier et des textiles, L’attraction du paysage vise à faire le pont entre les différents aspects de sa recherche, qui s’inspire à la fois de phénomènes naturels et de leurs représentations scientifiques.
La pratique récente de Coutu sonde des notions mathématiques qui tentent de traduire des phénomènes naturels comme la croissance d’une plante ou l’origine d’une tornade. Dans ses œuvres, l’artiste provoque le système, l’aléatoire, l’imprévisibilité et le chaos. Il les déploie dans l’espace et la matière comme autant de stratégies pour faire paysage.
À la fois abstraites et rigoureusement ancrées dans leur matérialité, les œuvres de Coutu, qu’elles soient bidimensionnelles ou tridimensionnelles, mettent en jeu la construction de la forme. Par des gestes en apparence simples, l’artiste fait apparaître la complexité de paysages marins ou sous-marins, austères ou solaires. Un pliage fait place à un horizon. Un algorithme construit un jardin.
Voir les cartels
Œuvres à la une
© Patrick Coutu, Éruption II, 2017, laiton, 213,30 x 91,44 x 6,35 cm. Photo : Jimmy Limit
© Patrick Coutu, vues de l’exposition L’attraction du paysage (Récifs [2015], « Averse », de la série Marines [2010], Attracteur [2019], Source [2019]), Musée d’art de Joliette, 2019. Photos : Romain Guilbault.
Avec le soutien de la Fondation du Musée d’art de Joliette.
Biographie —
Né en 1975, Patrick Coutu vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise en beaux-arts, avec une spécialisation en sculpture, de l’Université Concordia. Il poursuit un travail sculptural se déclinant en œuvres tri-dimensionnelles et bi-dimensionnelles, questionnant les manières de faire du construit naturel et s’inspirant des recherches visant cette compréhension. Récemment, il s’est attardé aux modèles mathématiques dans le but de tenter une explication de l’élaboration des constructions de la nature, en les mettant physiquement en action.
Son travail fait partie de plusieurs collections privées, institutionnelles et muséales, dont celle du Musée des Beaux Arts du Canada, du Musée d’art contemporain de Montréal et du Musée national des beaux-arts du Québec. Il présentait au printemps 2016 une œuvre permanente, Le jardin du sculpteur, sur la terrasse Parizeau du Nouveau pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec. Il est représenté par la galerie Division de Montréal et la galerie Choi & Lager de Cologne, Allemagne.
Mot de la commissaire —
L’attraction du paysage propose un survol de la pratique récente de l’artiste multidisciplinaire Patrick Coutu. Rassemblant sculptures, œuvres sur papier et textiles, l’exposition met en évidence les rapprochements entre les différents aspects de sa recherche des dix dernières années, qui s’inspire à la fois de phénomènes naturels et de leur représentation scientifique. L’« attraction » du titre réfère tant à l’attirance de l’humain envers le paysage, sa représentation et son aménagement, qu’aux forces physiques qui en régissent les particules élémentaires. Il s’agit d’un regard à la fois affectif et analytique sur la nature, ses rythmes sous-jacents et l’ordre précaire qu’on lui impose.
La pratique récente de Coutu sonde des notions mathématiques qui tentent de traduire des phénomènes naturels comme la croissance d’un arbuste ou la formation des minéraux. L’artiste invoque le système et provoque l’imprévisibilité pour mettre en jeu la construction de la forme. Le schéma de la reproduction cellulaire végétale, par exemple, l’intéresse particulièrement en tant que structure d’évolution autonome et récursive. Divers modèles mathématiques sont altérés puis incarnés, comme mis à l’épreuve dans une matière qui autrement ne serait mue par ces lois. Le résultat est ensuite sujet à diverses interventions plastiques. Par des gestes en apparence simples comme le pli, l’empreinte, la modélisation et la répétition, Coutu fait apparaître la complexité de paysages marins ou sous-marins, austères ou solaires. Un pliage fait place à un horizon. Un algorithme cultive un jardin.
À la fois abstraites et rigoureusement ancrées dans leur matérialité, les œuvres de Coutu dégagent une prestance et une évanescence insaisissables au sens propre du terme. Qu’elles soient bidimensionnelles ou tridimensionnelles, elles nous situent en un point vertigineux entre l’infiniment petit et l’infiniment grand. Leur échelle nous confronte à l’étalon de notre corps face aux ordres de notre environnement. En relation dans l’espace de la galerie et en ouverture vers l’extérieur, les pièces présentées forment un champ d’éléments premiers, un déploiement de forces essentielles au paysage : la lumière, l’horizon, le vent, la gravité, l’eau, la terre, les végétaux, l’aléatoire. Le processus de l’artiste rend visible un temps long, celui de la botanique, de la géologie et de l’astronomie. La temporalité de la nature en train de se faire, qui nous échappe et nous dépasse, se donne ici à voir.