À propos —
Les œuvres choisies pour ce nouvel accrochage de la collection mettent en vedette des œuvres réalisées par cinq femmes, dont le langage pictural illustre les tendances esthétiques de la modernité en peinture dans l’entre-deux-guerres au Québec.
Avant les travaux de l’historienne de l’art Esther Trépanier, la modernité en art au Québec était établie en 1942, avec l’arrivée de l’abstraction, ou encore en 1948, avec la publication du manifeste Refus global. Pourtant, de nombreuses productions artistiques ne s’identifiaient pas à la tradition, à l’académisme ou au régionalisme au point de vue esthétique. Dans ces œuvres se perçoit l’influence des avant-gardes artistiques européennes du début du 20e siècle qui arrivent plus tardivement au Québec. Parmi les caractéristiques de la modernité en peinture, notons l’apparition de nouveaux sujets (paysage urbain, vie urbaine, portrait), la mise en valeur de la subjectivité, de l’expressivité et de l’arbitraire par des couleurs et des jeux de perspectives qui ne sont plus représentatifs du réel.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le nombre de femmes à accéder au statut d’artiste professionnelle ne cesse de s’accroître. L’ouverture des Écoles des beaux-arts de Québec (1922) et de Montréal (1923) contribue alors à cet essor. Agnès Lefort et Irène Senécal comptent d’ailleurs parmi les premières femmes à fréquenter l’École des beaux-arts de Montréal. Les femmes sont présentes dans les diverses expositions de regroupements d’artistes créés à partir des années 1920. Pensons au Groupe du Beaver Hall (1920-1922), au Canadian Group of Painters (1933-1953), à l’Eastern Group of Painters (1938-1950), au groupe des Peintres juifs de Montréal (1930-1948), à la Société d’art contemporain (1939-1948), mais aussi aux sociétés d’aquarellistes, de graveurs et autres. Elles exposent dans les galeries de Montréal, les galeries des grands magasins, comme l’Eaton’s Art Gallery, et participent aussi aux expositions pancanadiennes qui circulent au Canada et à l’étranger.
Peintres professionnelles, enseignantes, militantes engagées dans la modernité, elles sont grandement impliquées dans le milieu artistique québécois. Appartenant à trois générations d’artistes, Agnès Lefort, Irène Senécal, Lilias Torrance Newton, Ghitta Caiserman et Rita Briansky sont reconnues pour leur contribution à la peinture moderne d’ici, c’est-à-dire pour leur art, leurs participations aux importantes expositions de l’époque, leurs activités de diffusion et de promotion des arts, leur enseignement et bien sûr leur engagement dans les regroupements d’artistes. Encore trop peu connues, nous leur redonnons une visibilité aujourd’hui afin d’inscrire leur art dans l’esprit des plus jeunes générations.
Voir les cartels
Images à la une :
Rita Briansky, Early Spring, 1953, huile sur panneau, 61 x 108,1 cm
Lilias Torrance Newton, Portrait d’enfant, vers 1940, huile sur toile, 38,2 x 33,4 cm