À propos —
La première exposition individuelle dédiée au travail de Béatrice Balcou au Québec rassemble des œuvres associées à chacune de ses séries importantes : les Cérémonies sans titre, les œuvres Placebo et les Pièces assistantes. À l’invitation du Musée d’art de Joliette, l’artiste s’est inspirée d’une œuvre de la collection pour créer une nouvelle cérémonie accompagnée de sa sculpture placebo. L’exposition lui a aussi servi d’impulsion pour approfondir la dimension sonore de son travail, alors que la pandémie nous forçait tous à repenser nos déplacements, affectant ainsi ses méthodes de travail. Présentée pour la première fois, cette pièce sonore se déclinera par la suite en une série à laquelle le MAJ participera.
Chacune des cérémonies performées par Balcou depuis 2014 entraîne la réalisation d’un placebo, soit une reproduction en bois reprenant le plus fidèlement possible les caractéristiques de l’œuvre d’un autre artiste. Le placebo permet de préparer la cérémonie qui consiste à exposer l’œuvre originale, après un entraînement visant à apprendre les gestes liés au déballage et à la manipulation. Avec cette performance réalisée dans le silence, Balcou s’efface paradoxalement en dirigeant l’attention des spectateurs sur le « rituel de l’exposition ». Tout en restant essentielle au processus, elle devient secondaire face à l’œuvre d’un autre qui émerge de la noirceur des réserves pour apparaître brièvement au grand jour avant de retourner dans l’ombre.
Les cérémonies découlent en partie d’une fascination de Balcou pour le rituel japonais de la cérémonie du thé, dont la gestuelle allie lenteur, attention et concentration, des qualités qu’elle retrouve dans le travail patient et minutieux des techniciens, des restaurateurs ou conservateurs ayant la responsabilité de la préservation d’un objet d’art. Aux manipulations techniques, réalisées avec soin et respect, elle mêle une gestuelle plus personnelle qui souligne les détails de l’œuvre afin d’affiner les regards. Les cérémonies ne sont jamais documentées autrement que dans l’esprit des gens qui y ont assisté. La sculpture placebo, en bois, exposée dans un espace adjacent à celui où s’est effectuée l’action, sert ainsi en quelque sorte de mémoire à l’événement. L’œuvre sonore composée, entre autres, des bruits découlant d’une cérémonie joue un rôle similaire tout en suggérant d’autres modes d’attention permettant d’enrichir notre appréciation d’une œuvre d’art.
Les Pièces assistantes, exposées dans la salle dédiée à la collection permanente du MAJ, ont été réalisées par Balcou en écho à des œuvres ici absentes. Contrairement aux placebos, ces sculptures n’en reprennent pas la forme, mais répondent à un besoin énoncé par leurs créateurs. Elles visaient à soutenir – tant physiquement que conceptuellement – la démarche d’un autre artiste. Présentées seules, de manière autonome, elles font réfléchir au travail invisible des assistants d’artistes et autres collaborateurs dont le labeur n’est pas toujours reconnu. Privilégiant une position en retrait dans son travail artistique, Béatrice Balcou réalise des œuvres qui sont autant de rencontres avec des institutions, des créateurs, un public, dont l’objectif est de promouvoir une qualité d’attention qui va à contre-courant de la réalité d’aujourd’hui, favorisant la rapidité et le spectaculaire. Ce qui contribue à rendre sa démarche si singulière.
Voir les cartelsBiographie —
Par le biais de performances, de sculptures et d’installations, Béatrice Balcou (née en 1976 en France, vit et travaille à Bruxelles) crée des situations dans lesquelles elle propose de nouveaux rituels d’exposition qui interrogent notre manière de regarder et de percevoir les objets – en particulier les œuvres d’art. Elle s’intéresse à l’attention portée à la matérialité de l’œuvre d’art autant qu’au comportement de celui qui la regarde, et questionne ainsi la valeur donnée à l’art et la place qui lui est assignée dans notre mode de vie contemporain.
Le Musée M à Louvain, le Centre d’art contemporain de La Ferme du Buisson à Noisiel, Art Hostel kumagusuku à Kyoto, la galerie Exile à Berlin, L’Iselp à Bruxelles, le Casino Luxembourg, le Centre d’art contemporain Le Quartier à Quimper et le FRAC Franche-Comté de Besançon ont organisé des expositions solo ou en duo de son travail.
Ces dernières années, ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions collectives, notamment au Jeu de Paume, Paris ; à Société, Bruxelles ; au FRAC Champagne-Ardenne, Reims ; à la Fondation CAB, Bruxelles ; à Salle Principale, Paris ; à la Villa Kujoyama, Kyoto ; au Kunstverein Langenhagen ; au FRAC Bretagne, Rennes ; à La Galerie CAC, Noisy-le-Sec ; au WIELS, Bruxelles ; au FRAC Franche-Comté, Besançon ; au Centre Pompidou et au Palais de Tokyo, Paris.
Les œuvres de Béatrice Balcou font partie des collections du CNAP Centre National des Arts Plastiques, du FRAC Franche-Comté, du FRAC Corse, du FRAC Ile-de-France, du CIRVA, de la Fondation CAB et du Musée Cera-M Louvain.
L’artiste remercie Wallonie-Bruxelles International, le Consulat général de France à Québec et le Musée d’Ixelles à Bruxelles pour leur soutien.
Images à la une :
Vue de l’exposition Béatrice Balcou. Tenir le silence, au Musée d’art de Joliette, 2022. Photo : Ysabelle Latendresse