Biophilia

Commissaires : Marianne Cloutier et Anne-Marie St-Jean Aubre

Du 30 septembre 2023 au 14 janvier 2024

À propos —

La crise climatique, dont nous subissons chaque jour les effets, nous force plus que jamais à interroger nos comportements individuels et collectifs. Si nos modes de vie doivent sans conteste s’adapter, ce sont aussi, et avant tout, nos manières de faire partie du monde qu’il faut repenser. C’est ce à quoi nous invitent les œuvres rassemblées dans cette exposition.

Faire partie du monde : cette expression, qui a donné son titre à une importante publication portant sur les écoféminismes, porte en elle l’idée que, pour freiner la destruction du monde, il faut avant tout rompre avec l’idéologie de domination au principe de nos sociétés : domination des individus, domination des peuples et des territoires, domination de la nature et de toutes les formes de vie considérées comme « inférieures ». Ceci implique d’examiner et de dénouer les relations de pouvoir et les inégalités qui entrent en jeu dans les questions environnementales. Car, bien que nous ayons tous et toutes, à des niveaux différents, un certain rôle à y jouer, notre capacité à agir dans le contexte de cette crise est loin d’être égale.

Les œuvres réunies ici explorent nos manières d’entrer en contact avec la nature sous l’angle particulier du désir, de son ambivalence et de ses contradictions. Comment réconcilier nos désirs de connaître et de découvrir, de croître et de s’enrichir, la recherche d’un confort physique et matériel toujours plus grand, avec la sobriété qui devra désormais être au cœur de nos préoccupations? Comment défaire l’écheveau complexe des dynamiques d’exploitation et d’appropriation des terres et des ressources, sur lesquelles reposent toujours nos sociétés post-industrielles et post-coloniales? Les œuvres présentées abordent les limites de la régénération et de la fertilité, mais aussi la force intrinsèque du vivant et ses capacités de transformation.

La biophilie signifie « l’amour du vivant ». C’est notre attirance innée, notre désir humain d’entrer en contact avec le vivant et de nouer des liens avec la nature. Ce terme, qui donne le ton à l’exposition, invite au respect et à une forme de bienveillance envers toute forme de vie – êtres microscopiques, plantes et animaux – et envers tout élément de la nature. Il marque également un changement de paradigme, le passage d’une conception de la Terre-mère nourricière – dont on exploite les ressources – à une Terre amante, à laquelle on s’unit et dont on prend soin, que l’on aime, mais que l’on ne cherche pas à posséder.

Biophilia propose une véritable communion spirituelle et sensuelle avec la nature, qui va bien au-delà du regard, une union du corps entier. Battre au rythme de la nature, nous en imprégner. S’introduire dans la forêt. Sentir les feuilles des arbres, la caresse des mousses, le flot du ruisseau sur sa peau. Sentir la matière qui forme nos environnements par et à travers nos corps, sentir que nous formons un tout – que nous sommes la nature.


Voir les cartels

Artistes —

Zheng Bo, Montserrat Duran Muntadas, Jumana Manna, Katherine Melançon, Joshua Schwebel et Lawrence Paul Yuxweluptun.


Images à la une :

Katherine Melançon, Vers un parlement du vivant IV – Fossilisation du soleil, 2023. Photo : Ysabelle Latendresse

Joshua Schwebel, Transactions, 2023. Photo : Ysabelle Latendresse

Lawrence Paul Yuxwelupton, Untitled (Landscape), 2020. Photo : Ysabelle Latendresse

Zheng Bo, Le Sacre du printemps (Tandvärkstallen), 2021-22. Avec l’autorisation de l’artiste et de la galerie Kiang Malingue