À propos —
Au centre de la démarche de Chloé Desjardins se trouve un intérêt marqué pour l’histoire de l’art et des savoir-faire artistiques. En tant que sculptrice, elle est également sensible aux idées qui surgissent spontanément au moment de la manipulation directe de la matière. Les jeux de retournement, de miroir et de contraste imaginés par Desjardins font ressortir la valeur symbolique des matières comme la porcelaine, le bronze, le plâtre, la mousse de polystyrène ou le papier bulle. Devant ses œuvres, les visiteurs sont amenés à s’interroger sur les conventions du monde de l’art.
Les contraintes agissent souvent comme des moteurs à la démarche créatrice de l’artiste. Invitée à se pencher sur la collection du Musée d’art de Joliette, Desjardins a fait de la curiosité exprimée par des membres de l’équipe l’impulsion de sa réflexion artistique, déléguant en quelque sorte à d’autres la responsabilité du geste initial fondant son nouveau corpus d’œuvres. Conservatrices, registraire, responsable du service aux visiteurs, adjoint administratif, technicienne et responsable des communications ont ainsi sélectionné, puis décrit, un objet de la collection auquel l’artiste a répondu en réalisant douze créations envisagées comme des dialogues. Ce faisant, elle insiste pour faire de la collaboration un élément central de sa démarche créatrice. Ces nouvelles œuvres sont le fruit d’un exercice de transposition et de traduction ludique qui découle de son interprétation des descriptions, de son exploration de la matérialité et des formes des objets sélectionnés ainsi que de ses recherches sur les artistes qui en sont à l’origine. Plus encore, c’est son désir de rendre visible l’envers de la collection, en particulier le contexte d’entreposage des œuvres en réserve, qui témoigne du soin constant dont elles sont l’objet, qui a informé le projet. Ce qui explique, par exemple, son utilisation de matières tel le non-tissé de polyéthylène (Tyvek), qui sert en conservation préventive, ou de formes rappelant les caisses de transport et les supports en creux appelés aussi incrustations.
Fruit du hasard, l’éventail d’objets sortis des réserves grâce aux participants propose un portrait de l’histoire de la constitution de la collection du Musée. Amorcée à des fins d’enseignement par les Clercs de Saint-Viateur à la fin du 19e siècle, la collection, qui regroupe spécimens d’histoire naturelle, objets archéologiques, pièces du patrimoine religieux et œuvres d’art historiques et contemporaines, s’est progressivement concentrée sur les arts visuels sous l’impulsion du père Wilfrid Corbeil, c.s.v., fondateur du Musée d’art du Séminaire, qui deviendra le MAJ en 1967. Cette exposition est l’occasion de revisiter ce passé au moment où le Musée est engagé dans un processus de normalisation de ses collections afin de faire de la place à son futur développement. Elle met de l’avant la complexité associée au maintien d’une collection qui exige des efforts constants tant pour sa conservation physique que pour garantir sa pertinence du point de vue de la recherche.
Anne-Marie St-Jean Aubre
Conservatrice de l’art contemporain
Biographie —
Chloé Desjardins détient un baccalauréat de l’Université Concordia dans le programme Studio Arts et une Maîtrise en création de l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Durant cette dernière formation, elle s’est intéressée de près aux techniques du moulage dont elle a approfondi l’apprentissage. La sculpture détient maintenant une place prédominante dans sa pratique.
Au cours des dernières années, ses œuvres ont été présentées dans plusieurs villes québécoises et canadiennes. Nombreuses fois boursière du Conseil des arts et lettres du Québec et du Conseil des Arts du Canada, Chloé Desjardins est la lauréate de la Bourse Plein sud 2014. Ses œuvres font partie de plusieurs collections publiques et privées. Elle est présidente du conseil d’administration du centre d’artistes Galerie B- 312.
Chloé Desjardins voudrait remercier tous les gens sans qui ce projet, qui s’est véritablement construit à travers les rencontres, n’aurait pas été possible.
- Toute l’équipe du Musée d’art de Joliette et la commissaire Anne-Marie St-Jean Aubre
- Les participants au projet : Julie Alary Lavallée, Julie Armstrong-Boileau, Camille Blachot, Karine Boivin, Isabel Boucher, Gérard Brisson, Ariane Cardinal, Nathalie Galego, Caroline Pierre, Camille Rémillard-Vigneault, Charlotte Lalou Rousseau et Anne-Marie St-Jean Aubre
- Les artistes Arman, Pierre Ayot, Betty Goodwin, Anne Kahane, Henri Moore, Rober Racine, Morton Rosengarten et tous les autres dont l’identité s’est perdue avec le temps
- Le Conseil des arts du Canada
- L’institut culturel Avataq, Candide Harvey et Andrée Anne Vien
- Les artistes Elisapi Inukpuk et Alicie Kasudluak Niviaxie
- Heather Igloliorte, Jonathan Lainey et Lisa Qiluqqi Koperqualuk pour leur aide précieuse pour les recherches sur la poupée inuit
- Kim Savoie-Thibault et Dominic Guibault pour leur aide dans le choix d’une pièce musicale pour l’œuvre Colère (2020.014)
- L’association Son/Ré et Isabelle Warnier pour la permission spéciale d’utiliser une pièce musicale de Pierre Henry pour l’œuvre Colère (2020.014)
- Le violoniste Kerson Leong pour la permission spéciale d’utiliser sa magnifique interprétation de la Sonate pour Violon Solo No. 2 en A mineur, Op. 27 ‘À Jacques Thibaud’: I. Obsession (Prélude. Poco vivace) d’Eugène Ysaÿe pour l’œuvre Colère (2020.014)
- Atelier Gris et Frédéric Barette pour la fabrication des pièces Chaire et Page-miroir : Débouchement/marché-452-hiver/débraillé (1995.238)
- Guillaume Petit pour ses Chroniques anachroniques qui ont alimentées l’œuvre Mandibule (1975.592)
- Le photographe Clément Dietz pour la documentation de ses œuvres
- Sa famille et ses amis
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