À propos —
Derek Liddington s’intéresse à la perception, plus précisément à la mémoire et à ses effets sur nos perceptions. Comment rendre ces effets tangibles dans une œuvre? Comment les faire vivre aux visiteurs? Depuis quelques années, l’artiste délaisse la performance et le dessin pour les outils du peintre : la couleur, la touche et la luminosité; la surface, la superposition et la profondeur; l’huile et le vernis. Il met à l’épreuve la toile et interroge les limites de sa matérialité grâce à des stratégies visant à capter la transformation et le mouvement. Le genre du paysage est au centre du nouveau corpus d’œuvres réalisées pour cette exposition qui s’attarde à la manière dont on expérimente le paysage plutôt qu’à celle dont on le voit. L’artiste se confronte ainsi à l’histoire canonique de la peinture afin de reconsidérer son héritage.
Touffues, les toiles de Liddington traduisent visuellement l’idée d’immersion dans une forêt si dense qu’il est difficile de s’y orienter. De la même façon, aucun indice ne hiérarchise les éléments importants des scènes picturales présentées, où l’artiste renonce aux règles de composition de la perspective, qui facilitent la circulation du regard, pour insister plutôt sur la surface. Il nous ramène systématiquement au premier plan, à ce qui se trouve au plus près de nous, sous notre nez. Serait-ce une manière de formuler un commentaire sur la conjoncture actuelle, où on a souvent l’impression que les décisions sont prises en n’ayant en tête que les effets à court terme? La force de la proposition de Derek Liddington est qu’elle refuse la littéralité en nous forçant à nous questionner et à extrapoler : usant des moyens propres à la peinture, il traduit sous une forme visuelle une expérience dont le sens réside quelque part entre la matière et la métaphore. Un géant figurant un danger potentiel se camoufle dans ses images. Que représente-t-il? Chacun est invité à lui donner un sens.
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Images à la une:
Vue de l’exposition de Derek Liddington, Les arbres sanglotent, la montagne tranquille, les corps rouillent, 2022, au Musée d’art de Joliette. Photos : Romain Guilbault
Biographie —
Derek Liddington est né en 1981 à Mississauga, en Ontario. Il vit et travaille à Toronto, en Ontario. Liddington reconnaît que sa relation avec la terre est façonnée par ses ancêtres colons, en tant que Canadien de troisième génération.
Après avoir obtenu un baccalauréat en beaux-arts du Nova Scotia College of Art and Design à Halifax, en Nouvelle-Écosse, où il s’est concentré sur la vidéo et la performance, Liddington a obtenu une maîtrise en beaux-arts à l’Université Western en 2007. L’œuvre de Liddington s’intéresse constamment à la mémoire culturelle et à ses itérations à travers l’abstraction, la représentation et les formes modernistes du langage visuel.
L’œuvre de Liddington a été exposée à l’échelle nationale et internationale, notamment lors de performances à Athènes, en Grèce, et à Onagawa, au Japon, et de présentations à Toronto (AGO), Madrid (ARCO), Berlin (Art Berlin Contemporary) et New York (Frieze Art Fair, NADA). Liddington a présenté des expositions individuelles aux galeries Cambridge (Ontario, Canada), SAAG (Lethbridge, Alberta), AKA Artist Run Center (Saskatoon, Saskatchewan) et à l’AGYU (Ontario, Canada). Liddington a fait l’objet de nombreuses publications sur son travail, dont la plus récente est un catalogue publié conjointement par la SAAG et l’AGYU, avec des textes de la conservatrice Emelie Chhangur.
Un élément central de la pratique de Liddington est son utilisation des résidences comme moyen de développer des idées d’espace et de lieu. Il a notamment effectué des résidences à l’AGYU (Toronto, ON), à AKA artist-run (Saskatoon, SK) et à Onagawa AIR (Japon). Liddington a reçu de nombreuses subventions publiques et de fondations, notamment du Conseil des arts de Toronto, du Conseil des arts de l’Ontario et du Conseil des arts du Canada, et a été finaliste du prix Toronto Friends of the Visual Arts. Liddington pratique actuellement à Toronto, ON.