En tournée – Julie Favreau. Les intuitions

Commissaires : Anne-Marie St-Jean Aubre et Marianne Cloutier

À propos —

Première exposition individuelle consacrée au travail récent de l’artiste québécoise Julie Favreau depuis 2018, Les intuitions regroupe un corpus d’œuvres vidéo, d’installations photographiques et de pièces sculpturales en majorité encore jamais vues au Québec.

Depuis 2019, c’est l’enjeu de l’intelligence artificielle – le rapport trouble entre cognition, machine, humanité et sensations – qui fascine l’artiste et nourrit ses recherches. Déjà, la prothèse comme extension ou outil d’amplification du corps et de ses sens était un motif récurrent de son corpus qui s’interroge maintenant sur les effets potentiels d’une nouvelle ère technologique sur les corps humains. Ses œuvres s’inspirent notamment des réflexions du philosophe italien Federico Campagna qui a écrit Technic and Magic: the reconstruction of reality (2018) [Technique et magie : une reconstruction de la réalité] et A Sermon for the Parents of Young Machines (2020) [Une leçon pour les parents de jeunes machines]. Elles s’affichent comme des études spéculatives explorant les interactions possibles entre acteurs humains et machines : relation parentale créateur/créature, rapport d’autorité maître/élève, relation de plaisir ou dimension spirituelle. Campagna suggère que toute relation comporte à la fois une dimension érotique, soit la recherche d’un plaisir mutuel gratifiant, et une dimension spirituelle édifiante par laquelle chaque acteur grandit, devient meilleur. Voilà un terreau fertile pour interpréter les nouvelles œuvres créées par l’artiste depuis 2020.

Ici, la démarche de Julie Favreau consiste à spéculer sur la possible émancipation ou autonomisation d’une forme d’intelligence technologique avec laquelle il faudrait alors apprendre à communiquer. Son travail récent met en images cette quête d’un nouveau langage puisque chaque geste pratiqué dans ses vidéos apparaît comme la base d’un vocabulaire qui permettrait d’interagir avec une chose – un blob figuré à différents moments de son évolution – correspondant à la matérialisation imaginaire de cette intelligence parallèle. Évitant le piège d’un scénario dystopique ou utopique, l’artiste fait évoluer ses protagonistes dans un environnement naturel familier qui les rapproche de l’ère contemporaine. D’autres formes d’intelligence coexistent déjà aux côtés de l’intelligence humaine, dont celles de la nature, des plantes et des animaux. S’ajoute maintenant l’intelligence artificielle, dont les avancées rapides posent plusieurs questions éthiques qui ne sont pas entièrement déconnectées des défis que soulève également la cohabitation avec d’autres espèces du vivant, nécessaire au maintien de l’existence humaine telle qu’on la connaît. Julie Favreau fait le pari qu’on gagne à envisager ces enjeux à partir de leurs effets sur le corps, et c’est pourquoi ses vidéos proposent moins des récits que des expériences sensorielles incarnées dont l’une est même à vivre par les visiteurs et visiteuses de l’exposition qui se laisseront tenter par la première œuvre de réalité virtuelle créée par l’artiste.

Pour obtenir des renseignements concernant la circulation de cette exposition, veuillez communiquer avec Marianne Cloutier, conservatrice de l’art contemporain par intérim, par téléphone au 450-756-0311 poste 224 ou par courriel au mcloutier@museejoliette.org.


Biographie —

Julie Favreau (elle) est une artiste québécoise qui vit et travaille entre Montréal et Berlin. À travers ses films, sculptures et photographies, elle crée des scénarios futuristes, dans lesquels les protagonistes participent à des rituels partagés. Ses derniers projets sont des témoins des multiples interrogations éthiques concernant les bouleversements technologiques actuels. Les questions y sont posées par le biais d’une approche sensorielle/«embodied» et spirituelle. Nous y faisons la connaissance de personnes qui interagissent avec une entité en émergence que Favreau conçoit comme un Hyperobjet (Timothy Morton). Il s’agit d’une incarnation physique en constante évolution de ce qui est omniprésent, réel pour tous : une intelligence artificielle, un virus, un corps sans organes.

Une sélection de ses récentes expositions et résidences de recherche comprend : Rupert (Lituanie) ; Organ vida-Zagreb photo biennal (Croatie) ; Sporobole-PRIM (Québec) ; Schwartzsche Villa (Berlin) ; Edinburgh Art Festival, Scottish National Gallery of Modern Art ; Actoral (France) ; Arsenal Contemporary (New York) ; House of Egorn (Gallery Weekend, Berlin) ; Casino du Luxembourg ; Blue Star Contemporary (Texas), Galerie im Marstall (Hambourg, Allemagne) ; La BF15 (Lyon, France) ; Künstlerhaus Bethanien (Berlin) ; Musée des beaux-arts de Montréal (Canada) ; Fonderie Darling (Montréal, Canada) ; Musée d’art contemporain de Montréal (Canada) ; Mac Quinta Normal (Chili) ; ainsi que plusieurs foires locales et internationales.

Julie Favreau s’est installée à Berlin à l’occasion d’un concours national, lui octroyant une résidence d’un an à la Künstlerhaus Bethanien (2017). Elle a été retenue pour le Prix artistique Sobey en 2018 et en 2012 ; et est lauréate du Prix Pierre-Ayot 2014 et de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman (2012).  Son travail a entre autres fait l’objet de critiques dans The Guardian, Magenta, Hyperallergic, Canadian Art, Taz, Berliner Zeitung, Momus.

Favreau a obtenu un baccalauréat en beaux-arts axé sur la création d’images en mouvement, la performance vidéo et le cinéma de la Nouvelle Vague (UQAM-2001-2005). Elle s’est ensuite formée à la chorégraphie de façon autodidacte au Canada et en France, en participant à de nombreux ateliers dans des institutions de premier plan, et en s’engageant activement dans le milieu de la performance chorégraphiée et de la danse. Favreau est titulaire d’une maîtrise en sculpture (Concordia-2012).

Son film « This Thing » a été créé et produit sous le commissariat d’Aseman Sabet, avec A.I.Ship (Harvard & Petrie-Flom Center for Health Law Policy, Biotechnology and Bioethics) ainsi que ETH Zürich-Bioethics – Health Ethics and Policy Lab.


Itinéraire de l’exposition —

À venir


Images à la une :

Julie Favreau, Sensing Shifts, 2023. Photo : Paul Litherland

Julie Favreau, Quickening, 2022. Photo : Paul Litherland

Julie Favreau, Solbritt et Smari, 2022. Photo : Paul Litherland

Julie Favreau, Membrane, 2022. Photo : Paul Litherland

Julie Favreau, image tirée de l’œuvre Sensing Shifts, 2023. Interprètes : Bozna, Hubert Lagin et Bea Xu