À propos —
La notion de monument se trouve au cœur de cette exposition réalisée à partir d’œuvres de la collection permanente du Musée. Elle s’inspire de cette définition des lieux de mémoire élaborée par l’historien français Pierre Nora qui englobe les monuments : « Les lieux de mémoire, ce sont d’abord des restes. La forme extrême où subsiste une conscience commémorative dans une histoire qui l’appelle, parce qu’elle l’ignore. »
L’exposition propose une incursion dans la pratique artistique des cent dernières années en touchant à des sujets associés à l’univers des monuments, dont le sculptural, l’architectural, la pérennité, la commémoration et la mémoire. Elle met en lumière certains des enjeux majeurs liés à l’histoire de la sculpture du 20e siècle à aujourd’hui.
Dans les œuvres les plus anciennes, les monuments publics ont servi de modèles pour les artistes qui les reproduisaient dans le cadre d’activités commerciales. Dans les œuvres plus récentes, les artistes ont préféré faire un pied de nez au rendu architectural réaliste en traitant le monument de manière abstraite. Certaines vont jusqu’à remettre en question la mimèsis, la représentation fidèle de la réalité, car tout n’est au final qu’image et construction.
Représenter la réalité est lié à l’édification subjective de l’Histoire. Plus les œuvres sont récentes, plus elles s’affirment comme des antimonuments. Elles offrent une contre-expérience esthétique, misant plutôt sur des récits alternatifs ancrés dans la banalité du quotidien, plutôt que sur des mythes fédérateurs et collectifs. Des sculptures proposent ici une nouvelle expérience du monument que ce soit par la voie de la poésie ou par l’aplanissement complet du volume et même par l’invisibilité des sites publics et des personnes qui y gravitent.
Associé à l’espace public en milieu urbain, le monument sert aussi d’outil pour commémorer le passé et la mort, que ce soit par le biais de pierres tombales, de stèles ou de mégalithes. Ces diverses formes de monuments représentent des manifestations d’un passé lointain et révolu qui s’est prolongé jusqu’à nous.
Si le monument sert depuis longtemps à commémorer des événements et des individus, certains artistes cherchent à repositionner de nouveaux sujets marginalisés dans cette Histoire écrite par et pour des hommes. L’exposition inclut des bustes de deux femmes artistes qui mettent aussi en lumière la hiérarchie au sein des groupes qui constituent la société. Enfin, l’exposition ouvre une porte vers un futur qui insère d’autres protagonistes, les Autochtones, au cœur du pouvoir.
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Artistes —
Images à la une :
© David Altmejd, Untitled 5 (Bodybuilders), 2013. Collection du Musée d’art de Joliette. 2023.131. Photo : Paul Litherland
Alice Nolin, Camille Bernard, vers 1930. Don d’une amie, Rachel Gauvreau-Jutras. Collection du Musée d’art de Joliette. 1975.252. Photo : Paul Litherland
Alfred Laliberté, Maquette du monument à Dollard des Ormeaux, entre 1911-1918. Don de Me Claude Laberge. Collection du Musée d’art de Joliette. 1976.030. Photo : Paul Litherland
Gabriel Brun-Buisson, Monument de Jeanne d’Arc à la Place des Pyramides, non daté. Don des Clercs de Saint-Viateur du Canada. Collection du Musée d’art de Joliette. 2022.263.