Coup d’œil sur la collection du MAJ – Marian Dale Scott. La fascination de la structure

Commissaire : Esther Trépanier

Du 17 juin 2023 au 4 septembre 2023

À propos —

Cette saison, le MAJ présente quatre œuvres de l’artiste Marian Dale Scott à l’Espace 3e.

Après avoir exploré durant près de quarante ans les possibilités de la figuration jusque dans son expression abstraite, l’artiste montréalaise Marian Dale Scott (1906-1993) aborde, au cours des trente dernières années de sa carrière, celles de l’art non objectif.

La structure sous-jacente des univers urbain, végétal ou cellulaire a constitué l’assise d’une approche où Scott cherchait à traduire formellement leur sens fondamental à travers une organisation géométrique, angulaire comme courbe. Cet intérêt pour la structure sous-jacente guide également ses réflexions sur l’art non objectif. Si au départ ses tableaux purement abstraits laissent place à l’expressivité de la matière, très vite une structure plus systématique vient organiser les épaisses textures colorées.

Autour de 1965, une nouvelle phase s’amorce dans l’œuvre de Scott dont le Musée d’art de Joliette possède de beaux exemples. L’artiste développe alors une approche plus formaliste. La grille sous-jacente s’affirme comme principe organisateur de la surface. Les empâtements obtenus précédemment au moyen de pigments à l’huile disparaissent au profit de l’utilisation de l’acrylique, travaillée en aplats de couleurs circonscrites dans des formes géométriques qui vont générer divers jeux optiques.

Cette nouvelle étape témoigne sans doute de l’influence grandissante des problématiques plasticiennes sur la scène artistique montréalaise, présentes depuis le milieu des années 1950. Leur importance s’accroît encore après l’exposition new-yorkaise The Responsive Eye de 1965 que Scott a peut-être vue et dont elle s’est, tout au moins, procuré le catalogue.

Cette période rigoureusement géométrique se termine au début des années 1970, alors que la fluidité, les courbes et les transparences viendront graduellement tempérer la rigueur linéaire.

Il faut rappeler qu’à l’époque, au Québec, les propositions rigoureusement géométriques et la recherche d’effets optiques proprement picturaux sont surtout le fait d’artistes masculins. L’apport des femmes à ces démarches est assez exceptionnel. Rita Letendre (1928-2021) est sans doute l’exception la plus notoire et, dans une moindre mesure, Marian Dale Scott. Il faut toutefois souligner que plus d’une vingtaine d’années séparent les deux femmes. Scott, une artiste anglophone, est plutôt de la génération des mères de ces jeunes femmes, surtout francophones, qui sont alors à faire leur marque sur la scène de l’art abstrait au Québec. D’où le caractère assez inusité des explorations géométriques non objectives de Marian Dale Scott qui poursuit inlassablement ses recherches à un âge où d’autres se reposent sur leurs lauriers.

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Biographie —

Marian Mildred Dale acquiert très jeune, entre 1917 et 1920, une première formation artistique à l’École d’art de l’Art Association of Montreal. Elle compte ensuite parmi les premières femmes inscrites à l’École des beaux-arts de Montréal où elle étudie de 1923 à 1926 avant d’aller parfaire sa formation l’année suivante à Londres à la Slade School of Art. Malgré son statut de mère et d’épouse d’un éminent juriste, poète et homme politique de la gauche sociale‑démocrate canadienne, Francis Reginald (Frank) Scott, l’artiste poursuit sa recherche picturale jusqu’à la toute fin de sa vie. Membre fondateur, en 1939, de la Société d’art contemporain, elle y expose régulièrement. Durant plus de sept décennies, elle présente de ses œuvres aux expositions annuelles de l’Art Association, de l’Académie royale des arts du Canada, du Groupe des peintres canadiens et participe à de nombreuses expositions collectives au niveau national comme international. Elle réalise également deux murales publiques.


Image à la une :

© Succession Marian Dale Scott, Untitled, 1966, acrylique sur toile, 162,3 x 152,2 cm. Photo : Musée d’art de Joliette