Rosalie D. Gagné : Alchimiste contemporaine

Commissaire : Patrice Giasson

Du 15 février 2025 au 7 septembre 2025

À propos —

 

« D’aussi loin que je me souvienne, observer la nature et expérimenter avec la matière ont toujours été pour moi de précieuses sources de connaissance. J’imagine parfois que, si je n’avais pas évolué dans le domaine des arts visuels, j’aurais œuvré dans celui des sciences; si j’étais née au Moyen Âge, j’aime penser que j’aurais été alchimiste. »

Rosalie D. Gagné

 

Rosalie D. Gagné a produit au cours des 25 dernières années une série d’œuvres qui témoignent de son habileté à associer des techniques manuelles de sculpture aux nouvelles technologies. Elle a exploré les arts traditionnels du verre soufflé et de l’argile, mais crée aussi avec des matériaux artificiels, comme le polyéthylène, les ventilateurs, les détecteurs de mouvement, les systèmes d’éclairage DEL et l’électronique. Depuis 2018, elle travaille, en collaboration avec Sofian Audry, à un projet ambitieux appelé Morphoses, qui comporte des robots et des algorithmes d’apprentissage machine. S’aventurant du côté de la biologie et de la méditation, elle juxtapose dans son œuvre des univers opposés : l’organique et l’artificiel; le solide et l’éthéré; le microcosme et le macrocosme, cherchant à observer les tensions qui en découlent. Rosalie D. Gagné a éprouvé très tôt pour l’alchimie une fascination qui s’exprime dans des créations où se côtoient des vases excentriques en verre et des liquides de toutes sortes, semblables à des laboratoires de chimie. Inspirée par le pendule de Foucault, elle a réalisé des sculptures suspendues telles que Pendulum (2006), qui révèlent son intérêt pour la cosmologie ainsi que pour la place de l’humanité et de la Terre dans l’Univers.

Dès 2009, Rosalie D. Gagné réalise un certain nombre d’installations qui produisent du son, du mouvement et de la couleur. Elle s’intéresse au biomimétisme et crée des sculptures évoquant des formes et des comportements observés dans la nature. Ses œuvres les plus récentes sont devenues des installations majeures. C’est le cas entre autres de Règne artificiel IV, où 45 cellules gonflables en polyéthylène suspendues à un plafond haut de dix mètres réagissent à l’approche du public. D’abord présentée au Grand Théâtre de Québec en 2020, l’installation sera reproduite dans le hall du Musée d’art de Joliette.

Née à Québec, Rosalie D. Gagné est véritablement une artiste panaméricaine, dont on peut retracer la carrière à Québec, à Mexico et à Montréal, où elle vit et travaille aujourd’hui. En plus de se consacrer à sa pratique artistique, elle est professeure au département des arts visuels et d’histoire du Cégep régional de Lanaudière à Joliette, où elle enseigne depuis 2010.

Rosalie D. Gagné : Alchimiste contemporaine, la toute première rétrospective de l’artiste, présente la production artistique de celle-ci depuis 1997. Elle documente également ses principaux projets in situ et réunit un choix de dessins préparatoires réalisés à main levée.


Biographies —

Rosalie D. Gagné est active dans le domaine des arts visuels depuis le début des années 2000. Elle intègre progressivement le numérique à ses œuvres à partir de 2007, après avoir occupé le poste d’assistante de recherche à l’Institut Hexagram durant ses études de maîtrise à l’Université Concordia, à Montréal.

Sa démarche s’enracine dans la phénoménologie de la matière et de la perception. Intéressée par la création d’expériences sensorielles et perceptuelles, l’artiste réalise des installations sculpturales immersives et conçoit des environnements réactifs. Elle y reflète les rapports entre le macrocosme et les microcosmes ainsi que les tensions et les rapprochements possibles entre nature et technologie.

Le travail de Rosalie D. Gagné a été présenté au Canada, aux États-Unis, au Mexique et en Europe. Elle vit à Tiohtiá:ke/Mooniyang/Montréal et partage son temps entre sa pratique artistique et l’enseignement des arts visuels.

Patrice Giasson est le conservateur Alex Gordon des arts des Amériques au Neuberger Museum of Art. Il enseigne l’histoire de l’art à l’université SUNY Purchase depuis 2009 et se spécialise dans le domaine de l’art latino-américain moderne et contemporain. Il a signé plusieurs expositions et ouvrages pour le compte du musée Neuberger : Rosalie D. Gagné: Alchimiste contemporaine (2024); A Matter of Discovery: The Art of Luis Perelman (2023); Nicolás De Jesús: A Mexican Artist for Global Justice (copublié avec Hirmer Publishers, 2022); “Art Got into Me” The Work of Engels the Artist (2020); Pier Paolo Pasolini: Subversive Prophet (2020); Destination Latin America. Modern and Contemporary Latin American Art from the Collection (2018); A Studio in the Museum: The Playful Universe of Ignacio Iturria (2017); Leandro Erlich: Port of Reflections (coédité avec Helaine Posner, 2017); Teresa Margolles: We Have a Common Thread (2015); Pre-Columbian Remix: The Art of Enrique Chagoya, Demián Flores, Rubén Ortiz-Torres, and Nadín Ospina (2013).


Cette exposition est produite par le Neuberger Museum of Art, Purchased College, State University of New York, en collaboration avec la Willowell Foundation. Le financement a été fourni par la Alex Gordon Foundation, avec le soutien du Alex Gordon Estate. L’artiste remercie également le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des Arts du Canada pour leur soutien.


Images à la une :

Vue de l’exposition Rosalie D. Gagné: A Contemporary Alchemist, 2024. Avec l’aimable permission du Neuberger Museum of Art. Photo: Lynda Shenkman