À propos —
L’exposition Le lys de ta peau s’inscrit à la suite du projet Ce que les lys odorants tentent de camoufler, qui consistait à offrir aux visiteurs du Musée d’art de Joliette la possibilité de faire l’expérience, au Musée ou chez soi, d’un coffret d’odeurs créés par Vicky Sabourin.
À la suite de multiples décès qui sont survenus dans son entourage ces quatre dernières années, l’artiste s’est intéressée à la puissance d’évocation des odeurs qui, malgré leur caractère intangible et éphémère, ont la capacité de stimuler la mémoire. Décliné d’abord sous la forme d’une collection de fragrances auxquelles s’est ajouté un récit personnel publié en un livre d’artiste, le projet se poursuit maintenant avec la création d’œuvres photographiques, textiles et sculpturales présentées dans les aires de circulation du MAJ.
Ces œuvres agissent comme des memento mori, des traces matérielles rappelant le caractère fugitif de la vie. Certaines sont inspirées des possessions de ses proches, découvertes alors qu’elle vidait la maison partagée par sa grand-mère et son oncle : un rideau plein jour bleuté, dans la fenêtre de la chambre de sa grand-mère; un rideau à motifs, dans la chambre de son oncle, imprégné d’une odeur particulière de sueur et de tabac; une grille en fer forgé ornée de photographies, d’une note et d’un feuillage, trouvée dans le sous-sol. D’autres, tels une mèche de cheveux blancs, un bouquet funéraire de lys et une sculpture évoquant la tradition du masque funéraire, reprenant ici la main de sa grand-mère plutôt que son visage, sont associés à son expérience de deuil, dont elle cherche à figer l’intensité. En choisissant l’argile ou la céramique pour réaliser ses œuvres, elle évoque à travers leur matérialité le caractère fragile et évanescent des souvenirs, dont la vivacité s’atténue au fil des jours. L’argile, lorsqu’elle n’est pas cuite, s’effritera avec le temps et la céramique, malgré sa dureté, reste fondamentalement vulnérable.
Avec ce projet, Vicky Sabourin rappelle que c’est parfois à travers le partage honnête et sans filtre de ce que nous avons de plus privé que nous réussissons le mieux à toucher au collectif, ravivant, par le truchement d’émotions et d’expériences vécues, ce que nous avons en commun.
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Biographie —
Vicky Sabourin vit et travaille à Montréal. Elle détient une maîtrise en Arts Visuels de l’Université Concordia. Elle est reconnue en tant qu’artiste multidisciplinaire pour ses installations immersives et performatives où la mort ou autres événements traumatiques se situent à la genèse de la trame narrative de ses œuvres. La résilience se manifeste dans sa pratique fournissant un fort pouvoir alchimique qui transcende les traumatismes personnels et intergénérationnels. Son travail a été présenté en galeries, musées et centres d’artistes au Canada, aux États-Unis et en Europe. Ces récentes expositions individuelles incluent, notamment, Sugar Cakes (AdMare, Qc), Colts Raisin (Atelier B, Qc), Les Curiosités présenté au Musée national des beaux-arts de Québec (MNBAQ), Devenir invisible à Latitude 53 (Edmonton, Alb.), Access Gallery (Vancouver, C.-B.) et Sporobole (Sherbrooke, Qc). Warmblood fut présenté à travers le pays, soit à la Galerie Trois Points (Montréal, Qc), Hamilton artist Inc. (Hamilton, Ont.), Eastern Edge (Saint-Jean, T.-N.-L.), Struts Gallery (Sackville, N.-B.) et Access Gallery (Vancouver, C.-B.). Sabourin participe avec son œuvre Lac caché à la Manif d’art 8, Biennale d’art contemporain de Québec, présentée au MNBAQ sous le thème de la joie. Depuis 2010, elle est récipiendaire de bourses du Fonds de recherche québécois sur la société et la culture, du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada. Sabourin enseigne à l’Université Concordia dans le département Studio Arts en photographie.
L’artiste remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts du Canada et la Concordia University Part-Time Faculty Association pour leur soutien.
Images à la une :
Vue de l’exposition Vicky Sabourin. Le lys de ta peau, au Musée d’art de Joliette, 2022. Photo : Ysabelle Latendresse