Jacques Toupin (1933-2023)

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Il aimait les débuts, mettre sur pied.

Il aimait l’art, mais pas le flafla autour.

Il aimait le travail des artistes et les artistes eux-mêmes.

Il aimait les musées.

Il croyait profondément à la démocratisation de l’art.

Auparavant conservateur au Musée des beaux-arts de Montréal, Jacques Toupin se voit confier le poste de directeur du Musée d’art de Joliette le 19 mars 1977, soit un peu plus d’un an après l’ouverture de ce dernier.

Le défi est colossal. À son arrivée, l’édifice n’est qu’un écrin de béton autour d’une collection d’œuvres d’art. Tout est à faire, à commencer, à entreprendre, comme le parachèvement d’une réserve, qui, au départ, n’avait pas été prévue dans les plans, et la doter, avec les moyens du bord, d’un mobilier de rangement et de stockage et instaurer un système de gestion des collections pour préserver et conserver plus adéquatement les œuvres.

Ce lourd travail d’organisation ne l’empêche pas d’offrir rapidement au public une programmation d’expositions temporaires de qualité. Pour se concilier différents publics et rester fidèle aux origines du Musée, il fait alterner le sacré et le profane, l’ancien et le moderne. Il soutient activement la promotion d’artistes contemporains québécois tels que Roland Poulin, Louise Robert, François Morelli, Pierre Gingras. Parallèlement, autour de ces expositions, s’organisent des activités éducatives : visites guidées et ateliers créatifs offerts aux écoles et aux organismes communautaires de la région.

Soucieux de faire connaître ce jeune musée à l’extérieur de la région, il produit en 1979 la première exposition itinérante de l’institution, Vingt-deux peintres de la fin du XIXe siècle, qui mettait en valeur les petits formats tirés de sa collection. Cette exposition sera présentée un peu partout au Québec jusqu’en 1981.

Il avait aussi à cœur de faire de la collection du MAJ un objet d’étude et de recherche, notamment pour les étudiants universitaires. En partenariat avec l’Université de Montréal et l’Institut canadien de conservation, il a collaboré, en 1979 et en 1981, aux deux volets d’une exposition préparée par les étudiants d’un séminaire de maîtrise en histoire de l’art, Le Musée d’art et la recherche scientifique. Ce projet, qui consistait en l’étude d’un certain nombre d’œuvres anciennes de la collection, permettait aux étudiants de mettre en application un éventail aussi vaste que possible des techniques de recherche propres à leur discipline et, au Musée, de bénéficier de leurs découvertes.

Considérant tout le travail accompli depuis 1977, la Commission canadienne d’examens des exportations de biens culturels stipule en 1980 que l’organisme a satisfait à toutes les exigences liées à La collection, la conservation et l’exposition de biens culturels et lui permet dorénavant de remettre des reçus fiscaux pour les dons d’œuvres. Ainsi, le MAJ obtenait le pouvoir de développer sa collection à long terme.

Après presque quatre ans consacrés intensivement aux premiers pas de cette jeune institution, Jacques Toupin quitte la direction du MAJ le 15 décembre1980. Il a été le premier d’une série de directeurs et de directrices qui, comme lui, croiront au potentiel de cet héritage du père Corbeil et prendront le relais pour en faire un lieu incontournable de l’art qui répond à l’exigence du monde d’aujourd’hui.

Jacques Toupin est décédé le 7 janvier 2023.

La communauté du Musée d’art de Joliette lui exprime toute sa reconnaissance pour le travail qu’il a accompli à la direction de cette institution.

 

Texte :

Gérard Brisson, ex-employé du Musée d’art de Joliette